Django Reinhardt en BD
Joann Sfar le dessinateur et scénariste de bande dessinée virtuose de la bio en bd (Gainsbourg, Chagall, Pascin…) offre au grand musicien Django Reinhardt, un hommage truculent sous forme de parcours initiatique et retrace avec malice sa vie .
L’histoire : D’habitude, les manouches ça boulote les hérissons. C’est comme ça ! Et du coup le petit Niglaud, qui a vu le jour dans une cage en osier installée dans la roulotte de la famille Renart, aurait du y passer. Mais en ce matin belge et frisquet de 1910, un heureux évènement va changer la destinée de notre brave Niglaud – à qui la bonne fortune n’a pas encore permis de trop engraisser. Le petit Jeangot, le premier né des Renart, pointe en effet le bout du museau. Et outre les traditionnels couteaux, cigarettes, photos de fesses ou banjo qui accueillent sa venue, un judicieux cousin lui offre pour cadeau Niglaud. Comme le rappelle un aïeul du nouveau né : un cadeau c’est sacré. Voilà les deux compères amis pour la vie. Ces deux-là grandissent alors ensemble, en oubliant d’aller à l’école – ou alors juste pour y regarder les filles – et en voyageant d’un bout à l’autre de l’hexagone. Puis vient le temps de l’exode : la Grande Guerre débute et il vaut mieux, quand on est un manouche, s’exiler sous le soleil arabe pour éviter de se faire tuer…
Avis du site planète BD : Joan Sfar aurait aimé aussi pouvoir jouer de la musique manouche ,mais les fées qui se sont penchées sur son berceau en ont décidé autrement. Aussi, pour combler ce vide, il imagine une biographie et donne des allures animalières à ce nouveau défi, et donne a Django Reinhardt la pelisse rousse d’un renard effronté. L’idée lui en est venue en découvrant la pochette du premier 78 tours de Django Reinhardt .
Voilà en tout cas qu’il nous embarque pour trois tomes dans la vie de Django Reinhardt. Dans ce premier tome, plus particulièrement de sa naissance au terrible incendie qui lui fit perdre l’usage de deux doigts à l’âge de 18 ans et l’immobilisa de longs mois à l’hôpital. Famille manouche, absence paternelle, condition miséreuse, découverte de l’art du banjo (un jeu presque immédiatement unique et virtuose), expériences sexuelles, premiers cachets, mariage, accident… scellent impeccablement cette première rencontre. Le choix du traitement narratif se veut classique, offrant une jolie linéarité et une agréable fluidité. Pour compagnon, Sfar s’offre juste un narrateur de choix : un hérisson (ami d’enfance apparemment fictif du musicien ou peut-être une déclinaison de « nin-nin », le frère cadet de Django) capable de voler la vedette au personnage central. L’idée est bonne et permet un angle de traitement savoureux : de l’amitié XXL, de l’humour, de la philosophie, de la mise en abîme digressive et de l’historique – ou de l’anecdotique – parfaitement documenté. Que demander de plus ? D’autant que Clément Oubrerie distille son « bestiaire » impeccablement. Le décorum parisien est lui aussi maîtrisé. Le tout est emballé par un trait et une colorisation de veine moderne avalant parfaitement la jolie petite musique du récit.
Source de l’article planète BD : http://www.planetebd.com/bd/gallimard/jeangot/renard-manouche/18243.html